Lui, ou Louis, comme vous préférez.

Le petit bonhomme était la, las, tout seul, les mains dans les poches, les yeux fixé au loin, comme s’il s’y passait quelque chose, mais rien, il ne s’y passait rien, du moins rien de spécial si ce n’est qu’il ne se passait rien, seul le silence entourait le paysage, ce qui est normal à la campagne, normal ?, à la campagne ?, qui a dit que la campagne était silencieuse ?, probablement un citadin, un habitant de la ville, de la grande ville, celle d'un autre sans doute, mais un habitant de la campagne sait très bien que le silence de la campagne n’est que l’expression des cris de la nature, des arbres qui grincent sous le vent, des oiseaux qui chantent, qui séduisent la femelle, la belle au plumage gris poursuivie par le bourru aux plumes coloriées, les froissements des herbages envoûtés par les esprits de la brise ou écrasés par les pas du gibiers, les sauts des lapins, le crépitement des grêlons ou le souffle du mal aimé.
Il ne bougeait pas, figé dans le dessin, son dessein aurait dit le poète, mais ici il n’y a pas de poète, il n’y a qu’un gribouilleur de mots, de lignes, d’espoir, d’illusions, lassé de voir le monde s’éteindre sans s’étreindre…